Historique

LE CPS Paris dont l ‘association Recherche et Rencontres a été gestionnaire est  le premier Centre de lutte contre l’isolement et de prévention du suicide, Recherche et Rencontres.

Le Centre est intégré à la Fondation Élan Retrouvé depuis le 1er juillet 2024.

L’histoire fondatrice du centre 1958-1997

C’est en 1958 que Suzanne Nouvion et Jacqueline Marie de Chevron Villette ont créé l’association Recherche et Rencontres, afin de lutter contre l’isolement et prévenir le suicide lié à celui-ci. Replacer ces missions dans leur contexte économique et social, celui de l’après-guerre, permet de mieux en comprendre les origines.

Soutenue par des psychiatres militants au sein du mouvement de la psychiatrie de secteur, notamment en raison des possibilités de dépistage et de prévention des troubles mentaux qu’elle offrait, l’association a pu bénéficier, dès 1962, d’une convention avec la DDASS de la préfecture de la Seine, lui permettant ainsi d’être subventionnée et de fonctionner dans le dispositif d’hygiène mentale. D’autres centres Recherche et Rencontres se sont également ouverts en province, ils se sont fédérés en 1978, sous l’intitulé d’Union des centres Recherche et Rencontres.

L’association Recherche et Rencontres de Paris a pendant un temps comporté plusieurs branches d’activités, dont un centre social. Bien que des psychiatres y proposent quelques consultations, ce sont essentiellement des assistantes sociales qui y étaient employées. Elles utilisaient une technique thérapeutique particulière, couplée à des ateliers, pour aider les isolés accueillis au centre. Cet état de choses a perduré jusqu’en 1985, année au cours de laquelle sont intervenues des réformes dans la psychiatrie de secteur, et atteignant donc le centre, celui-ci étant inscrit dans ce dispositif de soins. Ainsi, la loi du 25 juillet 1985 va légaliser le secteur, en l’inscrivant, avec ses missions, dans le code de la santé publique. Quant à la loi du 31 décembre 1985, elle va modifier le financement des structures extra hospitalières. Auparavant subventionnées par la DDASS, au titre de la prévention, elles sont désormais rattachées aux hôpitaux, qui sont financés depuis peu par dotation globale, versée par la branche maladie de la Sécurité Sociale.

On retrouve ainsi dans un procès verbal du conseil d’administration de Recherche et Rencontres , qu’en application de la loi du 31 décembre 1985, les dépenses du centre vont être prises en charge par l’assurance maladie et que l’association est rattachée au centre hospitalier du Perray-Vaucluse. Les statuts de l’association sont également modifiés afin de tenir compte du rattachement à la Sécurité Sociale, et donc au soin. Ils vont désormais souligner le fait que Recherche et Rencontres mène une action thérapeutique plutôt que préventive.

En 1986, l’arrêté du 14 mars décline les structures dont pourront bénéficier la population d’un secteur, on y retrouve les centres médico-psychologiques (auparavant on parlait de dispensaires d’hygiène mentale). Le centre Recherche et Rencontres de Paris devient ainsi un centre médico psychologique, mais intersecteur, c’est-à-dire défini autour d’une problématique et non pas par rapport à la population d’un territoire donné.

Progressivement, psychiatre et psychologues vont prendre une place de plus en plus importante au centre. Les ateliers quant à eux existent toujours, bien que fonctionnant différemment.

En 1996, de nouvelles réformes vont toucher Recherche et Rencontres. Nous faisons référence ici aux ordonnances Juppé, datant du 24 avril 1996, et notamment à celle portant réforme de l’hospitalisation publique et privée. Elle institue en effet les ARH (agences régionales d’hospitalisation) chargées de répartir les crédits limitativement alloués au plan régional par le gouvernement en fonction des priorités de santé publique et en application du vote du Parlement sur l’évolution des recettes et des dépenses sociales. Par ce biais, les inégalités géographiques devraient être ainsi corrigées selon le gouvernement. On notera là que nous sommes dans un système de régionalisation du système de santé. L’attribution à l’Ile de France d’une enveloppe étant en diminution constante depuis, l’association va se trouver confrontée à de plus en plus de difficultés financières.

L’ordonnance de 1996 institue également une accréditation et une évaluation des services hospitaliers, s’inscrivant dans une démarche de qualité des soins. Recherche et Rencontres s’y trouve et, en partie afin de répondre à certaines normes demandées par la HAS, qui supervise cette accréditation, l’association devrait prochainement déménager des locaux où elle installée quasiment depuis sa création. C’est donc à un nouveau tournant de son histoire que l’association se situe. Ce déménagement devrait également permettre à Recherche et Rencontres de se réorganiser et mettre en place certains projets.

Avant de terminer, nous pouvons brièvement évoquer certaines dates ou travaux importants, en rapport avec les missions que se donne le centre, la lutte contre l’isolement et la prévention du suicide.

Tout d’abord, deux ouvrages ont été écrits par l’une des fondatrices, Mme de Chevron Villette, sur l’isolement : L’isolement fléau social (1964) et Le mal d’isolement (1977) En 1994, un colloque sur le thème « Isolement et Solitude »a été organisé par l’Union des centres Recherche et Rencontres. Il a rassemblé différents professionnels des centres Recherche et Rencontres – un des psychiatres du centre de Paris a d’ailleurs fait une communication autour d’une clinique de l’isolement-  ainsi que diverses personnes, sociologues, historiens, philosophes, psychiatres…intéressées par ces thèmes. Toujours autour de l’isolement, une enquête en plusieurs étapes a été effectuée par le CREDA (Centre Richet d’Etudes et de Dysfonctionnements de l’Adaptation). Elle a tout d’abord cherché à évaluer, sur le plan psychosocial, le profil des isolés fréquentant les centres Recherche et Rencontres, puis l’impact de la prise en charge proposée. Enfin elle s’est interrogée sur l’étiologie et les mécanismes conduisant à la détresse psychologique manifestée par les personnes souffrant de solitude.

Quant au suicide, même si quelques actions ont existé avant (par exemple, Recherche et Rencontres appartient depuis 1969 au Groupe d’études pour la Prévention du Suicide), c’est à partir de 1993 que les choses se sont réellement développées. C’est d’une part cette année là que les pouvoirs publics ont réellement commencé à s’intéresser à cette question, c’est d’autre part en 1993 que la CNAM a lancé une campagne ayant pour objet la prévention du suicide et « une information la plus large possible sur les associations qui œuvrent depuis de longues années dans ce sens ». C’est pourquoi Recherche et Rencontres a été choisi pour participer à cette campagne.

En 1997, l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide est crée. L’Union des centres Recherche et Rencontres en fait partie et participe depuis, chaque année, aux Journées Nationales pour la Prévention du Suicide. Mais c’est principalement le centre de Paris qui est actif dans ce domaine. Un site internet « infosuicide.org » a d’ailleurs été ouvert. Il a pour but de donner la plus large information possible sur la prévention du suicide et la lutte contre l’isolement, c’est aussi un lieu de débat, de dialogue et d’échange, un lieu ressource d’information et d’orientation pour les professionnels, étudiants…Ce site propose également un forum de discussion et offre la possibilité d’écrire à la responsable du site, qui est également la documentaliste du centre, afin d’obtenir les coordonnées de lieux d’aide ou des informations sur le suicide (articles, données statistiques…).

Claire Ohanian, Psychologue.

Évolution du centre

Dispensaire d’hygiène mentale, puis rattaché pendant une vingtaine d’années à l’hôpital psychiatrique Perray-Vaucluse, 3ème secteur psychiatrique comme CMP (Centre Médico-Psychologique) intersectoriel, défini autour de la problématique de la lutte contre l’isolement et prévention du suicide.  dépend maintenant  depuis quelques années directement de L’Agence Régionale de Santé Ile De France.

Le Centre thérapeutique spécialisé, en tant que structure intermédiaire, travaille particulièrement à la question de la réhabilitation du lien social. Il répond à une population en souffrance psychologique liée à la rupture d’anciens réseaux de socialisation, à l’isolement social, pour qui l’exclusion n’est pas encore vécue comme une « fatalité inéluctable » entre l’hospitalisation d’urgence et l’accompagnement médico-social habituel (de type C.M.P. associatif de secteur ou d’accompagnement thérapeutique en ville).

Sa mission est d’apporter une réponse médico-psycho-sociale à la frontière du soin et du social, espérant une alternative à une prise en charge lourde (hospitalisation ou ré-hospitalisation psychiatrique).

Seule structure à Paris et en Ile de France, dédiée spécifiquement à cette problématique, complémentaire au dispositif de soin, c’est une réponse pragmatique, utile et nécessaire. L’importance de certaines de ses actions annexées d’information, de documentation et de liaison entre acteurs, chercheurs, professionnels et bénévoles comme INFOSUICIDE.ORG et le CRES qui etait le Centre de Ressources En Suicidologie lui donne une dimension nationale voir internationale.

Un accueil et une prise en charge spécifique individuelle ou groupale d’une population très isolée, dépressive et/ou suicidaire, ayant en général de grandes difficultés à s’adresser à un système de soin classique, refusant la plupart du temps l’approche purement médicalisée.

Une structure qui sait développer des coopérations entre établissements ou structures médico-sociales, favorisant ainsi : une certaine coordination, une continuité de prise en charge et permettre une complémentarité en matière de diversification de prestations :

– avec les secteurs qui ont beaucoup de difficultés à assurer une coopération parce que peu ou pas de moyens, préoccupés, obligés de tenter de couvrir les besoins élémentaires de leur secteur

– avec d’autres structures intersectorielles, comme les centres de crise, etc..(liens entre les structures enfants/adultes)

– avec les structures médico-sociales en travaillant à maintenir une articulation cohérente et construite avec le médico-social plus large.

– avec des structures sociales et de citoyenneté

Le CPS Paris s’est engagé dans une politique volontariste d’ouverture et de diversification de son activité afin de mieux répondre à ses missions d’intégration dans le réseau sanitaire, social et médico-social d’Ile de France.

Bibliographie institutionnelle

Badoux, A., Chiche, J., Duchanel, D., Raveau, F. (1992), « L’isolement social :ses conséquences psychpathologiques », Psychologie médicale, 24, 1, 58-62.

Badoux-Lévy, A., Robin, M., Lavarde AM., Grygielski, V., Facteurs prédictifs du sentiment de solitude, approche cognitivo-comportementale, manuscrit dactylographié non daté.

Chevron-Villette de, JM. (1977). Le mal d’isolement, Toulouse, Privat.

Chevron-Villette de, JM. (1964). L’isolement fléau social, Cahiers Recherche et Rencontres.

Garnier, P (1994). « Pour une clinique de l’isolement ». Isolement et solitude aujourd’hui (Lyon, 18-19 mars 1994), Lyon, Medcom, 115-119 ;

Ohanian, C. (2006) « Recherche et Rencontres, histoire d’une institution, du passager solitaire au patient, 1958-2006 », mémoire de Master 1 en psychologie clinique et psychoptahologie.

Le sentiment de solitude, manuscrit dactylographié non signé et non daté.